Armand Petersen, Jean-François Gambino, Florence Cadène, Véronique Gerbaud-Lambert, Eudald de Juana, Valérie de Sarrieu, Frédéric Fau, Marc Dailly, François Dupuis, kouta Sasai
C’est la première exposition à thème que nous organisons, « Natures », vaste thème englobant aussi bien la nature au sens propre, les animaux, les paysages, que la nature humaine.
Armand Petersen (1891-1969)
Considéré comme l’un des plus grands sculpteurs animaliers Français de son époque, il a travaillé et exposé aux côtés d’Edouard-Marcel Sandoz et Pompon durant les années 30. Son style est épuré et synthétique, ses animaux sont tout en volumes et à la ciselure parfaite. Yvon Lapaquellerie dans L’Amour de l’Art, écrit : L’art de Petersen a quelque chose de religieux et c’est cette spiritualité dont son œuvre est imprégnée, qui lui donne un cachet si rare et lui permet de trancher sur les productions des autres animaliers.
Ses œuvres sont présentes dans plusieurs collection de musée ; un hippopotame au Musée d’Orsay, un taureau au Musée des Beaux-Arts d’Angers, une grue cendrée au Musée de la chasse de Gien et d’autres..
Florence Cadène
Née à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) en 1969, Florence Cadène est diplômée de l’Ecole Supérieure des Arts Appliqués Duperré (Paris) en 1989. Florence commence à exposer ses œuvres dès l’âge de 16 ans, et se spécialise à partir de 2000 dans la peinture animalière. Elle est également professeur de dessin/peinture depuis 1994.
Son œuvre est comme une histoire naturelle, une mémoire sensible au cœur des nations animales, une possible communion entre le regard des humains et toutes les dimensions de la vie. Ses tableaux sont très réalistes, d’une grande finesse de précision dans son dessin, mais aussi à la fois brut et inachevés, ce qui oriente notre regard vers l’essentiel, l’émotion de ces rencontres animales.
Ses œuvres ont été exposées en Chine, au Japon, en Russie et aux USA. Elle a été finaliste en 2019 et 2020 du Golden Turtle Contest en Russie, elle a reçu la médaille d’argent du salon Art Capital 2020 au Grand Palais éphémère de Paris.
Véronique Gerbaud-Lambert
Véronique Gerbaud-Lambert est née en 1958 à Garches. Elle a étudié à l’École Supérieure des Arts Appliqués Duperré. Elle vit et travaille aujourd’hui dans un petit village de l’Aveyron.
Véronique nous propose de voyager dans des paysages imaginaires, un univers où la nature est omniprésente, elle peint des paysages verdoyants, ou exotiques, parfois des neiges ou des champs fleuris, dans une atmosphère un brin mystérieuse et adoucie de brumes, des visons éphémères de paradis…
« De nos lectures anciennes à la mémoire incertaine, ou, du souvenir de nos rêves engourdis naissent parfois des paysages vaporeux aux brumes magiques, un monde où les hauts de Hurlevent côtoient et se mêlent aux montagnes des contes japonais. Dans cet entre-deux flou et mystérieux se dessinent les paysages de Véronique Gerbaud Lambert. Des visions éphémères de paradis imaginaires ou de paradis perdus. Une nature fertile qu’on imagine verdoyante mais qui ne se livre jamais totalement, où la couleur elle-même s’offre avec parcimonie, par éclat, mais sans exubérance.
Arbres et fleurs surgissent du flou des lointains comme de petits feux d’artifices inattendus. De petites touches de couleur, à la délicatesse de porcelaine, presque transparentes, suffisent à Véronique Gerbaud Lambert pour nous projeter dans cet imaginaire suspendu ». Thierry Dalat
Il sculpte à l’instinct, s’imprègne de ce monde animal, guidé par son œil et ses mains. La pièce prend forme presque brute, mais avec une grande justesse en termes d’attitude et d’anatomie.
L’essentiel de l’animal y est, son sujet vit. Sa sculpture est instantanée, sans fioriture ni détail inutile.
Parallèlement à la morphologie, ses œuvres s’imprègnent du caractère de l’animal, de son ressenti et de ses attitudes.
Il aime capter cet instant où le chat bâille, ou fait le dos rond. Le lièvre sur le qui-vive. Le lion majestueux, puissant, imposant de son regard sa force tranquille. Le guépard lancé à toute vitesse. Le puma qui, dans une ultime tension, suspend un instant encore sa lourde patte avant de finalement l’abattre sur sa proie.
Il se plaît dans cet univers animalier où les félins tiennent une place importante. Beaucoup d’énergie dans son œuvre, tout y est instinctif, tout devient vivant.
Il a collaboré avec de prestigieuses enseignes comme Chanel et Christofle, pour créer des pièces exclusives fondues en métaux précieux…
Ses œuvres sont d’une grande délicatesse tout en ayant une grosse force d’expression, elles ont souvent une bonne base classique tout en traitant les sujets d’une manière très contemporaine.
Il est né en 1988 dans une famille de sculpteurs dans une petite ville proche de Gérone (Espagne), où, entouré d’un environnement artistique et naturel, il a appris le métier et développé un profond intérêt pour l’art.
Il a été enseignant de dessin et de sculpture à l’Académie de Florence pendant 3 ans avant de retourner dans sa région natale pour y créer son propre atelier, où il y organise aussi ses cours de sculptures.
Eudald travaille principalement avec des commandes privées. Ses œuvres se trouvent dans des collections privées dans des pays comme les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne, l’Autriche, la France, l’Allemagne, le Koweït et Hong Kong.
En 2014, il a réalisé un Monument de Carles Rahola dans la ville de Cadaqués, en 2017 un monument du compositeur Manuel Blancafort qui est exposé dans l’un des bâtiments les plus emblématiques de l’histoire catalane, le Palau De La Música Catalana, à Barcelone.
Ses œuvres peuvent également être vues dans la collection permanente du Museu d’Art Modern de Barcelone (MEAM).
En 2019, Eudald de Juana a eu une grande exposition personnelle au Museu Empordà, le musée de Figueres, la capitale de la région.
Un an après la même exposition adaptée, a eu lieu au Museu de la Garrotxa, le musée d’Olot, également capitale de sa région.
A la fin de l’année 2021, sa sculpture monumentale « Ritorno in Aria » a été installée dans le cimetière monumental de Milan.
Début 2023, une sculpture monumentale : « Mémória » est installée à Figueres pour rendre hommages aux victimes des bombardements durant la guerre civile Espagnole.
Valérie de Sarrieu est une artiste peintre qui vit et travaille à près de Saint Gaudens. Pendant six années, elle s’est consacrée à la restauration de peintures murales de monuments français, au nombre desquels : les cathédrales de Cahors et Albi.
Licenciée en histoire de l’art, elle a suivi les 4ème et 5ème année des Beaux-arts de Toulouse et complété sa formation dans les années 90 auprès de Robert Thon et Maurice Mélat.
Aujourd’hui, elle travaille essentiellement sur la peinture dite » Sur le motif ». Elle résume ainsi sa démarche : « travailler l’accueil, la réceptivité du lieu, de l’instant lumière et sa restitution la plus simple et juste possible ».
Elle peint de petits paysages monumentaux.
« Il y a évidemment la nature, aperçue, observée, ressentie, longtemps vague excuse à la peinture puis devenue sujet évident, convoquant l’écrasante antériorité de la pratique du paysage.
Variations autour de thèmes qui s’entrecroisent : forêts, berges, montagnes.
Chez moi l’humain fait face à la peinture, il n’y est pas figuré.
Le noir et le blanc opèrent un nivellement. L’affirmation d’une abstraction, la mise à distance du réel.
Cette bichromie conserve cependant la possibilité du jeu de l’illusionnisme.
Il s’agit d’une retranscription, d’une traduction. Bien que l’œil se montre attentif, la restitution n’est jamais descriptive, je m’autorise toutes les approximations.
La distribution des ombres et de la lumière n’obéit jamais à un souci de réalisme, la vraisemblance me convient. Mon attention se porte au rythme, à l’équilibre des espaces, aux passages d’une partie à l’autre du tableau, aux interstices.
Le travail se fait essentiellement au sol, je suis attentif à la circulation de la matière, en surplomb, je supervise, j’organise des incidents. Le mélange de l’acrylique et de la glycéro va générer des glissements, des craquelures, autant d’éléments qui vont évoluer, se modifier, se déplacer. La peinture se fait pas à pas, dans l’observation de ces mouvements.
A l’intérieur de chaque tableau, comme de l’un à l’autre, la remise en jeu de compositions, la répétition d’éléments, qui deviennent motifs, la juxtaposition des différents traitements de la matière vont constituer une grammaire personnelle.
Mise en abyme du geste, du mouvement et de sa trace, le trait de pinceau sera indifféremment un trait, un tronc ou une branche ».
Frédéric Fau, juin 2022.
Il y a une ambiance dans les tableaux de Marc Dailly, quelque chose à la fois flou et de précis, comme un souvenir, un instant volé, un présent d’éternité.
Tout est lié dans le même appareil, une espèce de glacis vient unir table, chaise, murs, personnage, fenêtres. Tout est ramené non pas sur le même plan, mais dans la profondeur du décor, ses détails, son flou. Et l’on s’enfonce de même pour s’y figer car ce lieu nous est familier. Le confort est bien là, hors du temps. L’alternance d’ombres et de lueurs démultiplie les détails dans la profondeur du tableau. L’ombre est habitée. La lumière timide s’infiltre et caresse les surfaces qu’elle transforme un peu en miroir, en eau.
Voilà donc selon le peintre « le théâtre de la vie quotidienne et des solitude ».
L’équilibre créé par Dailly transforme ces intérieurs encombrés en lieu parfait de l’harmonie. Tout semble avoir sa place. Les objets s’ordonnent comme les éléments d’un paysage d’où émerge faiblement un personnage. Ce dernier fait ainsi partie du décor. Il est comme saisi, comme un regard furtif pourrait le faire. Il n’est déjà qu’un souvenir rappelant que le lieu fut habité, que des gens y ont vécu.
« J’ai souvent pensé qu’il fallait peindre les individus comme on peint des objets inanimés ».
Marc Dailly ne se pose pas d’autres problématiques que celles de la justesse des formes et des couleurs. Il met le personnage qui suggère une narration dans son intérieur, son milieu naturel.
Le mimétisme entre l’être et son théâtre est flagrant, et l’on se dit que les tableaux de Marc Dailly sont faits pour nous accueillir comme un écrin.
Il y aurait une école à inventer…
Il y aurait comme une école à inventer, qui ne serait pas nouvelle d’ailleurs, s’inscrivant dans une certaine tradition de la peinture dont le peintre François Dupuis participe, qui à partir des choses permettrait de faire paraître la figure humaine, tranquillement, ce qui suppose évidemment d’assumer une certaine méchanceté du monde. Cette épreuve de la finitude qui pourrait devenir harassante à force de durer, sensible dans ces dessins qui déclinent sempiternellement les mêmes thèmes, (en d’innombrables variantes, lumineuses parfois) permet de déjouer ces pièges qui pourraient égarer le peintre : aspiration à l’infini en soi, sans passer par les formes du monde, dans une volonté plus ou moins avouée d’en finir justement, ou bien quête d’une beauté idéalement fixe, mais sidérante, ce qui reviendrait au même.
Cette force grondante que l’on perçoit, au détour des pages de ces carnets, en dépit d’une indéniable virtuosité, est le signe d’un combat contre ce qui pourrait conduire à la noyade dans l’indifférencié du monde et au mutisme, combat sans lequel nous perdrions le beau, et l’homme.
Cette pratique assidue, quotidienne, du dessin de choses, ou bien des alentours immédiats, vues de la cour, paysages…, sert en effet ce qu’il y a de plus précieux dans ces carnets, au moins à mes yeux, les portraits et les autoportraits. Si le sentiment du jardin s’impose tandis qu’on feuillette les pages de ces carnets et s’il y a une beauté de la raison qui perdure à travers ce travail, c’est parce qu’un jardin n’existe pas naturellement, c’est le corps-parole du peintre, si l’on peut dire, tandis qu’il contemple et rend compte des choses du monde, qui le met en lumière à partir d’un donné dont il est en quelque sorte héritier.
C’est ici, se dit-on, quand un homme cultive sa propre nature, comme un jardinier cultive un carré de jardin ouvert sur un ciel qui nous est commun, qu’il coopère à la vie au sein d’une relation qui outrepasse ce que le peintre en connaît.
Et c’est ici, à la hauteur de ses choix, de ses vues, qu’il a une chance d’ouvrir les yeux sur le prochain d’une façon plus ajustée, laquelle à travers la finitude même parvient à faire transparaitre ce je ne sais quoi d’originel qui est toujours digne d’être aimé, chez quelqu’un. [1]
Notes :
[1] François Dupuis, peintre, graveur, sculpteur, né dans la région parisienne, vit et travaille près de Macon. Depuis plusieurs années, il réalise un dessin par jour dans des carnets de type Moleskine. Les motifs les plus ordinaires, objets quotidiens, intérieurs, vues de la cour, alentours… voisinent avec des portraits et des autoportraits dont la qualité laisse entendre que s’attarder sur le tout proche et en rendre compte par des griffonnages récurrents, dessillent à mesure les yeux, préparent le regard que l’on posera sur le visage, la face de l’homme de passage qui met en présence, et vice versa.
Bruno LE GOUGUEC – Lyon – 2020
Kouta Sasai est un peintre Japonais, il a grandi dans la ville de Nara, où, jeune garçon, il a été capturé par l’énergie des anciennes sculptures en bois « Unkei », des figures de guerriers sacrés dans le temple Shin-Yakushi. Il a appris son métier sous la tutelle de l’artiste/enseignant Hiroshi Noda.
Puis il s’est installé dans l’atmosphère calme d’un studio japonais traditionnel en bois sur l’île de Miyajima, près d’Hiroshima, où, à des moments plus calmes, on voit des cerfs sauvages errer dans les rues de son village.
Tout en utilisant des sujets japonais, le travail de Sasai s’exprime à travers une technique de peinture occidentale, dotée d’une écriture puissante, introspective, et un sens très expressif de la couleur.
Ce qui est remarquable dans le travail de Sasai, c’est que l’attrait de la technique ou de la capture du « beau » a tendance à ne pas le distraire de son objectif principal, qui est plus concerné par une rencontre plus ascétique avec l’existence.
Il semble y avoir une concentration très patiente et pure dans son travail alors qu’il cherche à évoquer une essence plus profonde de ce qu’il voit devant lui.
Il essaie d’atteindre un endroit où il peut oublier son propre esprit : se dissocier de ses propres compétences, conceptions de soi et hypothèses sur l’art, afin de donner à ces moments insaisissables leur meilleure chance d’émerger.